Mardi 3 août, 07:30
En vacances à la maison. Debout. Mal de tête lancinant. Trop fumé hier soir. Sortir avec le chien dans le jardin. Le paquet de cigarettes sur la table. Merde, il en reste plus que quatre, faudra que j’aille vite en chercher à l’épicerie. Me jeter sur ma première clope. La fumée me brûle la gorge. Tirer sur ma clope comme un malade. La tête me tourne. La fumée semble m’apaiser et anesthésie ma gorge. Écraser ma clope. Rentrer le chien. Allumer une autre clope en préparant mon café. Faudra que je prenne quelque chose pour mon mal de tête. Merde, j’ai bientôt tous les jours mal à la tête. Avaler mon café. Allumer une autre clope. Descendre au village acheter deux paquets. En voiture, pas envie de marcher. Je prendrai du pain en même temps. Retour avec mon pain et mes cigarettes. Un comprimé pour la tête en préparant les tartines. Ma femme dort encore. Mon chien veut ressortir. Je lui ouvre la porte et le laisse vagabonder. Putain de mal de tête. Ça passe pas. Allumer une nouvelle clope. Faudra que j’arrête de fumer. Faudra vraiment que j’arrête. Il faudra …
Jeudi 4 août, 07:30
En vacances à la maison. Ouvre un œil. Entends par la fenêtre ouverte le chant des oiseaux ; trop tard pour les merles et les rouges-gorges, là c’est les moineaux et les étourneaux. Petit parfum de lavandes ; il y en a un bouquet planté à côté de la fenêtre et le soleil du matin doit déjà le réchauffer.
Je me lève. Ne pas réveiller ma femme et mon chien. Mon chien c’est un Jack Russel croisé avec on ne sait pas quoi. Il a la tête d’un jack sur un poitrail de pitbull. Il a été maltraité et nous l’avons recueilli il y a quatre ans. Il nous a fallu plus d’une année pour l’approcher et le caresser. Je me prépare un café. Ah, l’odeur du café ! Qu’est-ce que c’est bon ! Mon chien m’accompagne au jardin. Je dépose mon café à côté du paquet de cigarettes - c’est celui de ma femme, plus le mien. J’éloigne le cendrier, la fumée ne me dérange pas, mais l’odeur des cendres froides, oui.
Je perçois à nouveau le parfum des lavandes mêlé à celui de la paille fraîchement coupée en train de se réchauffer. Hier soir, la moissonneuse-batteuse a moissonné le champ de seigle à côté de chez moi jusque tard dans la nuit et ce parfum me rappelle mon enfance, la ferme des voisins, les cabanes en bottes de paille dans la grange, mon frère, ma sœur, notre voisine et moi.
Moments magiques …
Je savoure mon café et respire à pleins poumons en finissant de vous écrire ce message.
Entre ce mardi 3 août et ce jeudi 4 août, une année, une prise de conscience le mercredi 4 août 2021 où j’ai écrasé rageusement ma première cigarette du matin. J’ai dit stop à l’enfer. Ça suffit. Je veux VIVRE.
Passé de trente à zéro. Durs, très durs, extrêmement durs, les premiers jours, les premières nuits. Journées interminables, nuits agitées, rêves de fumée, insomnies, maux de gorge, de tête, d’estomac, mal de vivre, tristesse, rage, agressivité, tout y est passé. Le seul substitut que j’ai pris, c’est vous la Tribu. Merci à vous d’avoir été là. Merci particulier à celles et ceux qui m’ont accompagné dans mes moments de faiblesse. Merci à ma compagne/ binôme de défume (qui a aussi été très présente sur l’ancienne Tribu, mais moins sur la nouvelle) qui a atteint, elle, son année sans fumée lundi 1er août (je tiens - tu tiens). Elle tient toujours - et moi, je n’ai pas l’intention de lâcher.
Bonne route à vous.
Pour commencer cette journée anniversaire, je vais nous préparer des tartines avec une confiture de myrtilles que j’ai ramenée la semaine dernière d’Annecy.
Et après … on verra.